Chaque année, l’exposition du GRAAL est un rendez-vous très prisé des amateurs d’art. L’édition 2018 maintient le niveau de qualité des précédentes. Elle s’ouvre sur un hommage au peintre et sculpteur Joël Thomann, disparu l’an dernier.
Sous les voûtes de la Tour 46, se côtoient des oeuvres très diverses autour du romantisme, thème choisi cette année.
Les artistes cultivent à l’envi les références plus ou moins explicites. Avec son personnage de dos devant une mer agitée, Jacques Colney fait ouvertement allusion au peintre Allemand Caspar David Friedrich. Gilles Vetter propose des portraits à la craie blanche ou noire de Georges Sand,
Victor Hugo, Berlioz et Delacroix, mais aussi des tableaux à l’huile montrant de grandes cascades contemplées par des personnages solitaires.
Admiratrice du grand Géricault, Marie-Cécile Chevalley livre sa propre représentation du radeau de la Méduse à côté de quelques têtes de chevaux. En dessous d’un immense nu signé Pierre Duc, un petit bronze du même artiste attire l’attention. Cette jeune danseuse au repos, assise près de sa bouteille d’eau, seraitelle une moderne cousine de celle immortalisée par Degas ?
D’habitude spécialisée dans l’abstraction, la Montbéliardaise Michèle Sauberli a aussi apporté des portraits de Chopin et Delacroix, dont elle revisite « la liberté guidant le peuple ». Seule différence avec la toile d’origine : celle-ci tient des épis de blé dans sa main
gauche : « En réalité, elle a un fusil, mais je ne voulais pas représenter la Liberté avec une arme ».
Pour sa part, Daniel Boulanger est remonté jusqu’au XVIIe siècle pour puiser dans l’oeuvre du génial Caravage le visage hideux à la bouche tordue de douleur de la Gorgone décapitée.
Inspirées par la mer, les huiles très colorées de Daniel Philippe hésitent entre abstraction et figuration libre.
Patrice Barrat conjugue ses deux domaines de prédiclection : l’aquarelle figurative et l’abstraction à l’acrylique.
Le Belfortain Michel Villaumié, passionné de dessin, présente une place d’Armes fignolée à l’encre de chine au prix de 110 heures de travail.
Dans des factures très différentes, les très belles sculptures de Yannick Seitz, Nicole Mériot ou Bernard Brugeron sont d’autres excellentes raisons de se rendre à la Tour.
Entre toutes ces oeuvres, les poèmes d’Hélène Robellet sont autant d’instants de respiration et de méditation… très romantiques.
Didier PLANADEVALL
Est Républicain 23 octobre 2018